Lors de cet été 2010, alors que je marchais au beau milieu de la Creuse, j’ai dû rentrer brusquement chez moi. Cette expérience a été une nouvelle leçon du Chemin : le deuil le plus difficile à faire, c’est le deuil des projets ! Petits conseils pour traverser ce genre d’épreuve en restant zen… A transposer à volonté dans la vie de tous les jours !
« N’abandonnez jamais ! »…
Ces mots résonnent dans mon esprit. Les Amis de Saint Jacques, lors de leur soirée d’information, insistent sur l’importance de ne pas renoncer, même si on a l’impression que tout va mal… Il pleut, on a mal aux genoux, des ampoules (des « cloches » en belge) qui semblent ne jamais guérir, on ne se voit plus avancer, on a fait de mauvaises rencontres, on a simplement les batteries à plat. Faut-il pour autant renoncer à ses rêves ?
« N’abandonnez jamais…le soir ! »
C’est fou comme une nuit de repos, le retour du soleil, un bon repas, un sourire, un café avec des croissants peuvent changer les choses…
Quand l’épuisement vous guette, au bout de 5, 10 ou 15 jours de marche, faites une pause de 24 heures. Dans une jolie ville, dans un refuge sympa. Lisez, dessinez, flânez, dormez, écrivez, priez, nagez,… Faites des choses qui vous nourrissent, ressourcez-vous. Le lendemain, vous serez étonné de l’énergie que vous avez retrouvée.
Ne poussez pas trop loin vos limites. C’est tellement bête de se trainer durant des étapes de 17 km alors que vous en avalerez – facilement – près du double une fois reposé.
Parfois, malgré tout, il faut rentrer…
Un gros pépin de santé, un décès dans la famille, un enfant malade,… Trouver une gare, prendre le premier train, voir défiler à toute allure son chemin à l’envers… puis arriver et se sentir un peu étranger chez soi, sans parvenir à défaire son sac ni à changer de vêtements…
Comment ne pas ressentir un sentiment d’échec, de frustration, de tristesse quand cela vous arrive ? Voici le « Carpe diem » que m’a appris le Camino…
Règle n°1 : « Cueille le jour »
Savourer chaque pas, chaque odeur, chaque paysage… « Je suis sur le Chemin, quelle grâce, quel cadeau, quelle chance ! » Même sous la pluie, même sur le béton, c’est le chemin que j’ai choisi. Le bonheur, il est ici et maintenant.
Règle n°2 : « Fie-toi le moins possible au lendemain »
Ne surtout pas se projeter dans le futur ! Le temps que j’ai passé à me réjouir de la venue de ma famille, à penser aux prochains itinéraires, à réfléchir à l’hébergement pour les étapes suivantes,… je ne l’ai pas vécu ! Apprendre le lâcher-prise pour oublier de planifier, c’est un autre secret du bonheur.
Règle n°3 : « Le bonheur n’est pas au bout du chemin »
Ne pas se fixer d’objectif, que ce soit pour l’étape du soir, pour l’arrivée à Santiago, pour la moyenne de kilomètres par jour,… D’ailleurs, ne dites pas « Je vais à Compostelle » mais « Je suis en route vers Compostelle ». Nos frères musulmans disent « Inch Allah » quand ils parlent au futur, et nul ne sait de quoi demain sera fait. Mais si le bonheur, C’EST le chemin, on n’éprouve aucun sentiment d’échec, même si on doit s’arrêter brutalement.
En conclusion, cette petite phrase, ultra-connue mais sympa : Hier, c’est le passé, demain c’est l’inconnu, mais aujourd’hui est un cadeau. C’est pour cela qu’on l’appelle « Le présent ».
Voilà la leçon, une de plus, que m’a enseigné le chemin…
bravo
il faut savoir profiter des bonheurs au moment où on les vit
quelqu’un me disait toujours: demain est un autre jour
grosses bises
Désolé, Sylvie, que tu aies dû rentrer précipitamment ! Je te souhaite de pouvoir reprendre le chemin le plus tôt possible.
Bien d’accord avec ce « Carpe Diem » et le conseil de ne jamais décider d’abandonner le soir, mais d’attendre le matin suivant, est très judicieux.
Je laisse un nouveau message sur la page Paris, j’y ai trouvé quelque chose d’inexact et avant d’avoir le plaisir de te rencontrer et de te le prouver, je voudrais vraiment une correction s’il te plaît, Sylvie !
Bises,
J F
Joli texte, dommage qu’il soit lié à un épisode triste.
Vous nous aviez laissé un message sur l’étape Brécy – Bourges.
Les pélerins continuent d’écrire des mots placés dans notre « boîte bocal »
( ils sont ici : http://djl.jourdain.free.fr/index.php?pg=21# )
et c’est un peu comme si nous faisions un peu de chemin avec eux, certains on du mal à avancer, mais tous ont la volonté d’aller de l’avant.
Bon courage !!
D+JL
Quel bonheur de vous lire et de retourner à Sainte Solange par la magie du web, et même d’y voir le message de Cornelia et Leny, passées par chez nous en Belgique et dont voici une photo : http://www.radiocamino.net/pelerins/cornelia-und-leny
Petit clin d’oeil du Chemin, une boite très similaire à la vôtre m’attendait, cet été, quelques kilomètres avant la fin de ma dernière étape vers La Souterraine… J’y ai également déposé un peu de tristesse, mais la joie est revenue très vite, ne vous en faites pas !
Après mon retour précipité en Belgique, je suis repartie… pour Bourges, et j’ai terminé la Voie du Nord avec ma fille, en pleine forme ! Des nouvelles très bientôt sur ce blog 🙂
Bonjour,
je vous lis et je me dis que vous pourriez m’aider.
Vous avez vécu les chemins de Compostelle depuis la Belgique et j’espère que vous aurez l’occasion de vivre l’aventure jusqu’au bout.
Pourriez vous m’aider à trouver le meilleur moyen pour préparer ce chemin que je voudrais entamer en avril ou mai 2011.
Je partirais d’Ecaussinnes et envisage de tout faire à pied sans limite de temps
vous avez mon adresse mail, je suis impatient de vous lire.
Bonjour,
êtes vous l’auteur du poème » l’adolescent » ?
Bien à vous
Je ne connais pas ce poème. En avez-vous des extraits ?
Cher Guy,
Je vous invite cordialement à participer aux soirées d’info des Amis de Saint Jacques, chaque premier jeudi du mois à Bruxelles.
http://www.radiocamino.net/expos-et-conferences/soiree-info-a-bruxelles-ce-1er-avril
A bientôt, en « vrai » je l’espère !
Sylvie
Bonjour, quelle belle phrase. Pouvez vous me dire qui l’a écrite?
En conclusion, cette petite phrase, ultra-connue mais sympa : Hier, c’est le passé, demain c’est l’inconnu, mais aujourd’hui est un cadeau. C’est pour cela qu’on l’appelle “Le présent”.
merci
Bernard
« Carpe diem, quam minimum credula postero », c’est d’Horace. « Le bonheur n’est pas au bout du chemin… », c’est une citation que j’ai entendue à l’enterrement de mon Papa (qui pourtant n’a jamais été sur le Camino). Mais on l’entend souvent entre pèlerins.
Merci pour votre témoignage !
Mes parents (à la retraite) ont aménagé un gite pélerins dans la région centre de la France, sur le chemin de Vézelay et à l’occasion de longs week-ends ou de vacances d’été chez eux, j’ai rencontré des pélerins en chemin.
Beaucoup m’ont dit avoir vécu la même chose…
Isabelle Gravost (Ile de France)
quelqu’un connait t’il l’auteur de la phrase:
« Hier, c’est le passé, demain c’est l’inconnu, mais aujourd’hui est un cadeau. C’est pour cela qu’on l’appelle “Le présent”. »
je voudrais partir de chez moi (wavre) pour me mettre en route vers St Jacques.
y a t’il des guides pour les logements etc…
merci
Pour votre troisième règle ; le bonheur n’est pas au bout du chemin » je voudrais ajouter que si les motivations sont nombreuses et diverses pour partir, il en est une qu’il ne faut pas prendre en compte : on ne part pas sur le camino pour résoudre ses problèmes. On les laisse momentanément en arrière pendant quelques semaines mais ils nous reviennent très vite tel un boomerang à notre retour.
Tout au plus pourra-t-on relativiser le soucicomme le chemin nous a montrer à relativiser toute chose, qu’elle soit bonne ou mauvaise.
ULTREIA
bonjour Sylvie !
quel hasard heureux de lire cet article, vu sur mon historique FB, le lendemain du jour ou j’ai du rentrer, justement.
Partie de Vézelay le 10 mai, et après 24 jours de marche heureuse, même sous l’eau, même si et même si, comme vous le dites, j’ai du arrêter à St Léonard de Noblat à cause d’un gros problème avec mon dos.
j’ai mis plusieurs jours à prendre la décision, et elle a été difficile et douloureuse.
j’étais bien triste dans le train du retour, hier.
mais mes amis et mes enfants m’ont dit « regarde ce que tu as fait » (et non pas ce qui n’a pas été parcouru) et tu repartiras bientôt.
mais cette portion du chemin, je l’ai vécu comme vous en parlez, au jour le jour, sans contraintes de km ou autres, accueillant chaque jour ce que ce jour m’apportait. J’ai fait de belles rencontres, j’ai eu la Joie au cœur.
Des que mon dos sera remis en état, je repartirais, avec les leçons tirés de ce premier morceau de chemin.
merci Sylvie de vos réflexions, de votre blog de partage.
amicalement
Béatrice
Chère Béatrice,
J’espère que vous allez mieux depuis votre retour et que vous pouvez refaire quelques projets. Ce qui vous est arrivé est la chose la plus triste que l’on puisse vivre.
Rentrer pour des raisons familiales, passe encore, mais quand c’est le corps qui vous lache, il faut beaucoup de courage pour surmonter sa peine, sa culpabilité (qui s’invite toujours un peu, même si ça ne sert à rien), sa déception.
J’ai hâte de lire de bonnes nouvelles de votre part !
Sylvie
c’est vrai que l’on se sent « coupable » un peu ….. et on se dit « comment partir de meilleure façon la prochaine fois ». On a l’impression d’abandonner quelqu’un, de lâcher la parole donnée.
Ensuite on se dit que comme pour tout, chaque pas, chaque effort, fait la partie d’un tout qui ne se fait jamais en un jour, ni d’une traite !
humilité et patience ! 🙂
Je crois me reconnaitre dans vos écrits. Je réside à 65 kms au Nord de Vézelay et je suis parti le 15 Mai certain de ma condition physique. La pluie, le froid le bitume et le poids de mon sac à dos (16 kilos) ont eu raison de mon optimisme à Neuvy saint Sépulchre ou une vilaine tendinite du joli nom de patte d’oie a eu raison de mon optimisme. J’ai péniblement atteint Crozant ou je suis resté bloqué net pendant trois jours avant que l’on vienne me chercher et que l’on me rapatrie chez moi. La décision étant irrévocable, j’en ai pris mon parti. Je sais que je repartirais, probablement le 2 Septembre car j’ai besoin de me fixer une date pour mieux aller. Je repartirais d’où j’ai quitté mais je ne repartirais pas dans les mêmes conditions. Je ne marcherais plus sous des trombes d’eau comme j’ai connu, j’attendrais que le mauvais temps passe. J’allègerais mon sac à dos de trois à quatre kilos et j’essaierais autant que possible de ne pas marcher en permanences sur le bitume destructeur d’articulations et autres tendons. Mais je crois que l’essentiel pour avancer sera pour moi de ne pas me fixer d’objectifs ni en temps, ni en distance journalière. Malgré ces péripéties, ce retour imprévu, je ne ressens aucune peine, ni amertume, c’est le Chemin, il apprend à nous connaitre et il est vrai que l’important est de vivre le présent comme une superbe expérience humaine. Compostelle? Y arriver ? C’est magnifique. Partir pour Compostelle, c’est autre chose, c’est notre Chemin, c’est nous.
à 5 jours près nous aurions pu nous rencontrer ….. quel temps nous avons eu !!!!
vous dites très bien les choses.
je me suis arrêtée à ST léonard de Nobalt(soucis avec mon dos) et j’en repars début septembre aussi.
le temps : il aurait été difficile d’attendre que le mauvais temps passe : il pleuvait tous les jours, parfois toute la journée. J’ai eu 20 jours de pluie sur 24 de marche !! ….
mon sac faisait 7, 500 kg mais je vais aussi alléger tout ça.
j’ai laissé ma tente à Chastelus….. (-1kg déjà)
bon nouveau départ !
Chère Béatrice, Cher Patrice,
Quel heureux hasard que ce blog vous permette de vous rencontrer « virtuellement ». Et dire que vous allez repartir presque en même temps aussi, après un arrêt dans les mêmes circonstances. Je suis certaine que vous allez encore vous croiser, cela fait vraiment trop de coïncidences tout ça 🙂
oui, c’est plutôt amusant, d’autant que nous ne sommes pas foule à partir de Vézelay.
il faut laisser des petits mots dans les livres d’or des gites : on arrive ainsi à savoir qui est ou sur le chemin et c’est très sympa. et parfois on se rencontre pour de bon.
En partant je ne savais pas si mon chemin ferait 300 m ou trois jours. Je suis restée six jours. Mais je crois qu’il continue encore ici. C’est pour cela qu’on y retourne. Je suis devenue étrangère en ma maison. Le chemin m’a portée. Il est entré en moi. Il est ma maison. Le présent n’est plus que des pentes et des descentes. Je les ai gravies et descendues alors je continue à le faire ici. Le chemin allège bien des charges et nous remplit d’humanisme. Je me sens redevenue « être » parmi d’autre « êtres ». Le chemin c’est aussi en sortir, vivre d’autres présents et repartir chaque fois plus loin et plus profondément en soi.