Cette fois, vraiment, il y en a qui vont me prendre pour une originale, ou pire, pour une siphonnée, allumée, et j’en passe…
Pourtant, quelle merveilleuse sensation que de toucher le sol avec douceur, de caresser la Terre Mère avec la plante de ses pieds, de s’en imprégner par tous les pores de sa peau.
Sur le plan pratique, je vous ai déjà longuement parlé de mes sandales. Celles-ci étant réduites par l’usure (2500 km quand même !) à une semelle d’un demi-millimètre, le pas à franchir était minime pour fouler le sol en direct.
Il suffit du reste d’un peu d’exercice (commencer 5 minutes par jour, puis augmenter progressivement la dose, sans jamais atteindre le seuil de la douleur ou de l’échauffement). Et, bien sûr, il faut choisir des sols à la surface « naturelle » (éviter les routes qui chauffent et surtout les gravats pointus). Curieusement, les grosses pierres ne posent pas de problème, à condition d’adapter son allure et de dérouler doucement le pied.
La première fois que j’ai vraiment marché sans mes sandales, c’était dans un site Celte, près de Saugues, en Margeride. J’ai poursuivi ma marche pendant une heure environ, sur un bon chemin dans les bois de pins. Mon meilleur souvenir reste la traversée de l’Aubrac, entre Nasbinals et Aubrac, presque entièrement pieds nus sur l’herbe rase.
Je riais dans ma barbe car au début de mon voyage, un randonneur Savoyard a regardé mes sandales avec dédain en s’écriant : « Vous ne monterez jamais dans l’Aubrac avec ça ! ». Et en effet, j’ai traversé l’Aubrac sans mes sandales…
Plus sérieusement, voici deux textes qui éclaireront les plus sceptiques quant aux bienfaits de la marche à pieds nus :
« En marchant pieds nus, la voute plantaire épouse le sol. La sensation d’ouverture s’étend à l’ensemble du corps et au-delà : on prend conscience de son lien avec la nature, relié au ciel, en contact avec la terre. »
– Madeleine Mounier dans le magazine Strada, été 2012 (article complet en page 23).
« Tu as marché, marché, marché… Et, tu as trouvé la réflexion, parce qu’en marchant, tu t’es baigné dans la Vouivre, t’as respiré son haleine par toute la surface de ta peau et la plante de tes pieds. Tu t’es imbibé de l’esprit du monde ! Marcher… c’est le secret révélateur ! On ne peut pas asservir l’homme qui marche ! »
– Henri Vincenot dans Les étoiles de Compostelle
Je ne suis d’ailleurs pas la seule qui ait eu envie d’enlever ses chaussures pour arriver à Compostelle : Anick-Marie, la célèbre globe-stoppeuse, a écrit un article sur le sujet, qui complète à merveille celui-ci.
Te prendre pour une originale ? Certainement pas moi en tout cas 🙂
Moi qui marche en sandales depuis la lecture de ton article il y a quelques mois.
Déjà en sandales on a cette sensation de « sentir » le sol sous la plante des pieds, nos pieds enfin libres eux aussi de « voir » le chemin, nos pieds qui, à la fin de l’étape, nous disent « merci ! » 🙂
Pour ce qui est de marcher pieds nus nous en avions déjà parlé ensemble, notamment du parcours d’Anick-Marie.
Récemment, lors d’un séjour en Bretagne, j’ai pu, grâce à une amie (Anne) faire un parcours sensoriel dans les jardins de Brocéliande. à parcourir pieds nus sur 45 revêtements différents. Un vrai bonheur 🙂
Au même moment aux JO de Londres , on se demande pourquoi ne pas courrir pieds nus http://www.lalibre.be/sports/omnisports/article/753611/pourquoi-ne-courrait-on-pas-pieds-nus.html
Quel dommage de ne pas vous avoir rencontré dans mon gîte cet été à Montfaucon, pour échanger, les doigts de pieds en éventail !
Votre initiative me réjouit : elle s’inscrit tout à fait dans l’esprit minimaliste du pélerin . La nudité des pieds implique le dépouillement psychique et spirituel de l’être . « Jeter ses vieilles chaussures au panier » c’est accepter de se débarrasser de tout ce qui nous encombre au sens propre, et surtout au sens figuré .
La pratique de la marche pieds-nus procure une vitalité que j’expérimente aussi tous les jours, une stimulation permanente de la plante (du pied) qui permet de mieux s’enraciner, pour mieux s’élever .
Si vous revenez à Montfaucon, je vous ferai visiter mon jardin tout spécialement conçu pour les pieds-nus !
Merci de tout coeur pour ce message, Madeleine. Mon passage à Montfaucon cette année (le 30 juillet) était teinté de peine : je venais de perdre un ami très cher pour qui je faisais le chemin. J’avais dû dormir à la lisière de la forêt, 8 km avant le village, car la nuit m’avait empêchée d’arriver tard le soir. Toutefois, j’ai reçu au village un accueil merveilleux : au café de Gilles (Le Tire-Bouchon) qui m’a offert du papier et son écoute bienveillante, le verre offert par Plu-Plu au même café, une dame adorable, Josette, qui a prié avec moi à l’église et a donné sa journée pour mon ami, le merveilleux restaurant de Brigitte et Stéphane (La Source), avec une cuisine sublime, et l’invitation à déjeuner de Gilbert Defour, passionné de beaux timbres… Si vous avez l’occasion, passez leur remettre mon grand bonjour et toutes mes pensées émues et reconnaissantes.
T’as vu mes pieds : http://www.aillet.com/Marche/2008/Bronze2008/index.htm ? La marche, c’est avent tout le pied !!! Jean-François
bravo pour votre site sur le camino
de faire le compostelle a pieds nues, je le desire faire moi meme
a bientot
Laci
Bonjour,
J’ai regardé vos vidéos avec beaucoup de plaisir, cela m’a donné un déclic, j’aimerais pouvoir marcher aussi sur ce chemin….j’en ai parlé à mon ami qui ne veut absolument pas que je le fasse, il a peur que je fasse une trop belle rencontre….il ne veut pas en entendre parler. Pourtant au fond de moi cela me taraude, quelque chose se passe en moi, je ne saurais dire quoi, mais depuis que j’ai vu vos vidéos, j’ai compris que j’avais aussi envie de faire cela. Je ne suis pas sportive, ni téméraire, l’idée de faire du bivouac me fait un peu peur, mais il y a ce sentiment de liberté indéniable, de se surpasser, de chasser ses craintes, d’être soi.
J’ai partout cherché vos fameuses sandales et elles n’existent plus, peut-être pourriez-vous me conseiller pour le choix d’une autre marque ou d’un autre modèle équivalent…
Je ne sais pas si un jour je ferais ce chemin ou quand je le ferais mais une petite lumière brille au fond de moi, grâce à vous et après tout, à coeur vaillant rien n’est impossible.
Merci infiniment
Bonjour Sylvie, moi aussi je m’appelle Sylvie : on dirait que ce prénom appelle à la liberté… Les sandales Terra Fi existent encore mais dans un modèle un peu plus récent. J’en ai encore acheté pour ma marche cet été. J’espère que vous trouverez en vous toutes les ressources pour partir, sans vous soucier des peurs ni de l’avis des autres 🙂