Trouver la spiritualité sur le Camino Francés

En raison de sa fréquentation de plus en plus « touristique », le Camino Francés peut décevoir les pèlerins en quête de spiritualité.

• Les lieux d’accueil spirituel ont presque tous disparu.
• La recherche d’un lieu avec wifi prime sur la quête d’un lieu où se recueillir.
• Les repas préparés en commun font place au menu pèlerin au resto du coin (tenu par le beau-frère du tenancier de l’albergue).
• Et les moments d’échange fraternels se passent de plus en plus sur Facebook, avec ceux qui sont loin, et pas avec le pèlerin assis à côté de soi.

Malgré tout, des pèlerins, parfois perdus dans la foule, ont une réelle soif de spiritualité sur le chemin en Espagne. Où trouver le recueillement ? Où peut-on vivre un partage fraternel, un échange spirituel entre pèlerins croyants ou pas ?

Marcher seul et en silence

D’après mon expérience, on ne peut rentrer dans son intériorité que dans la marche solitaire, sans musique ni téléphone allumé.

• On peut réciter le chapelet, prier ou chanter en marchant.
• On peut ramasser des cailloux symbolisant une intention ou une personne à qui l’on pense.
• On peut bénir silencieusement les personnes que l’on croise.

Pour trouver le silence sur le chemin, éviter les grosses villes-étapes et marcher l’après-midi et le soir.

Des haltes pour la prière

Le chemin (en particulier le GR65 et le Camino Frances) est rempli de croix et de petites chapelles (ermita en espagnol).

Dans chaque village, il y a une église. Parfois elle est fermée, parfois il y a un bénévole qui vous donne un tampon. Profitez-en pour rentrer et vous recueillir devant la bougie du Saint Sacrement, allumer un cierge devant la statue de Marie ou laisser une intention de prière dans le livre d’or.

Pour les plus audacieux, on peut aussi chanter dans les petites églises romanes, le son y est magique et ne dit-on pas que chanter, c’est prier deux fois ?

Des sanctuaires « magiques »

Dans de nombreux lieux du chemin, en particulier dans les anciennes églises, on peut ressentir une certaine « magie ».

Le livre de Rantana parle de ces lieux « d’énergie » mais vous pouvez aussi faire confiance à votre ressenti, en vous installant simplement là où vous vous sentez bien dans l’église.

Personnellement, je trouve que certains lieux ont la faculté de nous mettent plus profondément en contact avec le divin. Ce fut le cas notamment, sur le Camino Francés :

• Église de Eunate
• Eglise de Villamayor de Monjardin
• Eglise de Navarrete
• Église de San Juan de Ortega
• Monastère des Clarisses à Castrojeriz (adoration du Saint Sacrement)
• Monastère des Clarisses à l’entrée de Carrión de los Condés (adoration du Saint Sacrement)
• La petite chapelle au fond à gauche de l’église San Isidoro de León (ouverte seulement lors des messes ou juste avant)
• Eglise de O Cebreiro
• Chapelle de Samos (demander la clé à l’Albergue des pèlerins au monastère).

La messe des pèlerins… ou pas.

La messe des pèlerins a généralement lieu à 18, 19 ou 20h, dans la plupart des villes étape. Certaines paroisses proposent un livret en plusieurs langues avec la traduction des textes. La messe est souvent suivie d’une bénédiction des pèlerins, parfois même avec un petit cadeau comme cette jolie croix offerte à San Juan de Ortega.

Faute de messe « spéciale pour pèlerins », soyez attentif au son des cloches. Plusieurs fois, je suis arrivée dans un village (Sarria, Fonfria, León, San Juan de Ortega) à l’instant où la messe commençait. Même si on ne comprend pas l’espagnol, on peut retrouver les lectures dans sa langue sur Internet ou dans son missel. Et participer à l’eucharistie reste pour moi très important pour nourrir mon chemin de la présence vivante du Christ.

Bon à savoir : si c’est une messe pour la fête du village, très peu de gens communient. Et lors des mariages, seuls les mariés et les parents participent à la communion.

Si vous êtes pressé, rassurez-vous, les messes en Espagne durent 20 minutes à peine, tout compris !

Des temps de prière dans les albergues ?

Dans les refuges paroissiaux, il y avait traditionnellement un repas pris en commun suivi d’un moment de recueillement. Cette tradition a tendance à se perdre mais il reste toujours un esprit « différent » dans les « albergues parroquiales ».

Le refuge paroissial de Grañon, propose un beau moment d’échange entre pèlerins autour d’une bougie, après le repas, dans le jubé de l’église.

Peu avant Itero de la Vega, le refuge tenu par des Italiens dans la chapelle San Nicolas propose un moment de recueillement avec lavement des pieds.

À Ligonde, vous pouvez être accueilli chez des Protestants très sympathiques et partager avec eux repas et prière.

A Hospital de Orbigo, le prêtre, Manuel, accueille les pèlerins dans son presbytère, avec l’aide d’hospitaliers bénévoles hongrois. C’est un de mes meilleurs souvenirs d’accueil chrétien, et un des rares prêtres qui soit réellement à l’écoute des pèlerins sur le Camino en Espagne.

Ne manquez pas non plus la prière avec les Bénédictines de Burgos à 20h30 à l’Albergue.

Et j’espère que les Franciscains reprendront leur belle initiative de prière pour la paix, à Santiago. Ce moment m’avait beaucoup marquée en 2014, mais lors de mon retour en 2015, les prières n’étaient plus d’actualité.

« Chanter, c’est prier deux fois »

Je me souviens d’une belle soirée à l’albergue « Ave Fenix » (Villafranca del Bierzo). J’ai proposé à un groupe de pèlerins belges accompagnés par un prêtre un moment de chant et de prière tous ensemble. Nous avons passé la soirée à chanter quelques « tubes » de chorale, dans toutes les langues. Ce fut un moment magique. Voici quelques uns de mes chants préférés.

Vous pouvez également proposer des « free hugs » : rien de tel pour briser la glace !

Et n’oubliez pas que « là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux ».

J’espère que cet article vous aidera à suivre votre chemin intérieur malgré le « bruit » sur les chemins fort fréquentés. Si vous avez des expériences ou des lieux à partager, laissez-moi un commentaire !

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