Si vous feuilletez le récit de Jean-Christophe Rufin, ne vous arrêtez surtout pas aux premières pages ! On pourrait en effet croire le ton arrogant et le livre rempli de clichés : « le pèlerin est un radin », les « vrais » pèlerins méprisent les « faux », le chemin est une espèce de secte,… En effet, Rufin « rentre dans le vif du sujet » sans complaisance. Mais très vite, vous comprenez que c’est lui-même qu’il remet en cause, avec humour et humilité.
« En une journée, écrit-il en page 51, j’avais tout perdu : mes repères géographiques, la stupide dignité que pouvaient me conférer ma position sociale et mes titres ». Rufin est auteur, prix Goncourt, ancien ambassadeur, membre de l’Académie Française, co-fondateur de MSF,…
Devenu presque clochard, il décrit sans complaisance sa crasse, ses moments de joie devant les petits cadeaux du chemin – « J’écrivis un mot enthousiaste pour l’inconnu qui m’avait fait ce cadeau, avec la même reconnaissance que Brassens pour son Auvergnat » – , ses seules aspirations : boire, manger, dormir.
Quelques semaines de marche plus tard, le dépouillement atteint le plus profond de son âme. « Le pèlerinage est un voyage qui soude ensemble toutes les étapes de la croyance humaine, de l’animisme le plus polythéiste jusqu’à l’incarnation du Verbe. (…) Jamais le monde ne m’avait paru aussi beau » pp.194-195.
Son chemin, Rufin l’a raconté plusieurs mois après son retour, sans avoir pris la moindre note. Il en a extrait les impressions les plus fortes, les transformations les plus marquantes, les rencontres les plus mémorables.
En outre, sa description des paysages espagnols (pays basque, Cantabrie, Asturies, Galice) est tellement riche qu’elle donne vraiment l’impression que l’on parcourt le Camino del Norte à ses côtés !
Le choix des mots comme des tournures donne une réelle saveur au récit. Et la fin du bouquin claque comme une évidente prophétie : « Je vais reprendre la route. Et vous aussi. »
Souvent comparé au récit d’Alix de Saint André, voici un best-seller qui va certainement amener pas mal de monde sur le Chemin !
A lire pour en savoir plus :
- Interview de Jean-Christophe Rufin (19 minutes) sur YouTube
- Jean-Christophe Rufin en chemin vers Compostelle, Vers l’Avenir, 8 mai 2013
- Le Cheminde Rufin, La Libre, 13 mai 2013
Je l’ai lu et c’est formidable de retrouver si bien formulées toutes les sensations que l’on éprouve sur le Chemin !
Une qualité d’écriture qu’on ne peut lui reprocher, j’ai lu bcp de livres sur le Camino , celui-ci a le mérite d’élever la réflexion , de dépasser l’anecdotique , »il n’a fait que le Norte » et alors ? chaque chemin a sa propre histoire , on ne peut en vouloir à Ruffin d’être célèbre ! bien moins de clichés que chez Alix de St André que j’ai aussi bcp aimé pour ses anecdotes et sa bonne humeur ! pour moi le plus émouvant , le plus profond , le plus atypique est celui de Laurence Lacour(Jendé Jandia tout homme est homme sur le chemin de Compostelle)
Je suis en train de lire cet ouvrage que je recommande à tous les anciens et futurs pèlerins ! C’est l’expérience d’un Chemin d’humanité avec beaucoup d’anecdotes et des réflexions sur la condition du pèlerin ! A commander et à lire sans délai !!!
Je viens de le finir. Un cadeau que j’ai eu dimanche, vraiment génial. L’auteur narre sa découverte de l’organisation du chemin:Association,publications….Il découvre un réseau, une confrérie. Il explique que très vite, une fois en route,le pélerin va à l’essentiel savoir écouté son corps. Même devant un magnifique paysage, il doit s’inquiéter de trouver sa pitance quand le ventre gronde. Il dit aussi son sentiment d’insignifance, de n’être plus rien alors qu’il a eu les honneurs.Il avoue aussi sa tricherie à Bilbao,ou il prend le métro pour traverser portugalete qu’il trouve vraiment déprimante, son envie de faire demi tour.Vraiment un super bouquin mais malgré un récit plein d’humour, d’autodérision, d’émerveillement, je ressens comme une tristesse, de la désilusion de la part de l’écrivain ou de l’amertume, je ne sais pas trop mais il s’en dégage quelque chose de presque négatif, sombre.
J’ai lu beaucoup de livres sur le chemin et, au moment de partir (dans 3 semaines), je n’ai pas lu celui-là… Il faut s’alléger n’est ce pas ? J’ai écouté J.Ch. Ruffin qui disait « il y a un moment ou on ne parle plus, on part » ! Je prends le camino frances, dont pas le même que J.Ch. Ruffin, je lirai son livre en rentrant.
Je n’ai pas trouvé qu’il y avait des « clichés » dans le livre d’Alix de St André mais je suis pour l’instant « novice »…
Bonjour! Si vous avez aimez le style « Rufin » alors je vous conseille 2 autres livres « Rouge Brésil » et « Katiba » entre autre… j’ai lu également « immortelle randonnée » j’ai hâte car je devrais faire mon chemin à partir de mi-avril 2014 du style « hôtel aux mille étoiles » départ du Puy en Velais et en Espagne « le chemin du nord, enfin c’est comme cela que je le vois…
Très belle analyse. Je ne l’ai pas encore fini de mon coté mais j’ai été un peu déboussolé au début. Il faut dire que ca fait bien 15 ans que je n’avais ouvert un livre.
Je crois que le passage le plus étrange est celui évoque les rencontres sur le chemin. 95 ou 98% des pèlerins vont sur le chemin pour rencontrer l’âme soeur. Je ne sais pas si JC Rufin revient plus tard sur ce passage, ou si c’est moi qui suit naïf mais ça m’a véritablement interpelé.
A propos de livres, j’ai eu le plaisir ce soir de rencontrer Jean-Claude Bourlès et sa femme Gisèle (ils habitent tout près de chez moi). J.C. Bourlès a écrit plusieurs livres sur le chemin ou plutôt « autour » du chemin puisque à l’origine, il y a leur coup de foudre pour Conques qu’ils « fréquentent » plusieurs fois par an depuis 1968. Il a écrit « Retours à Conques » puis « Le grand chemin de Compostelle » puis « Passants de Compostelle » entre autres livres.
Ils m’ont beaucoup encouragée pour mon départ dans moins de 3 semaines. C’était réconfortant étant donné le temps (mauvais) qui sévit…
C’est un livre qui pour la première fois ne m’a PAS donné envie de partir! Comme le dit Brigitte il s’en dégage quelque chose de négatif et une véritable désillusion, et le coté académicien me plait qu’a moitié. C’est très certainement le cas en partie, mais avant de partir personnellement je ne le recommande pas… Par contre les blog de randonneurs-pellerins décrivant étapes par étapes (comme radiocamino et bien d’autres) sont passionnants.
Il faut admettre que c’est très bien écrit et assez drôle parfois.
Les gouts et les couleurs…. =)
Bonjour,
J’ai lu le récit en entier mais malheureusement ce que vous reprochez aux premières pages m’a aussi frappée et ne m’a pas lâchée durant toute la lecture.
Il ne cesse de faire passer son expérience comme étant universelle. Sa vision de ce que doit être un pélerin pour être un VRAI pélerin me sidère. Je crois qu’il est passé complètement à côté de son chemin ….
Et d’ailleurs les interviews données pour la sortie du livre en atteste. Il n’y a qu’à lire l’interview dans Pélerin Magazine de ce printemps… Imbu de lui-même et de sa propre expérience …
Cordialement,
Aude
On peut lire tous les récits qui ont été publié, ce qui est bluffant c’est quand on en revient et qu’on relit le fameux carnet sur lequel on a relevé tout ce qu’on craignait d’oublier…Et ben non, rien de rien, on n’a rien oublié! C’est dans la boite et 5 ans après ces 83 jours de marche on se dit encore que ce n’est pas possible qu’on ait fait ce chemin tout seul, avec si peu dans le sac, sans avoir jamais manqué de rien, sans avoir jamais eu envie d’autre chose que de pouvoir se lever le lendemain et repartir malgré ses bobos…De tous ceux que j’ai fait, il restera le plus beau voyage de ma vie. Si vous voulez partir ne vous posez pas de question, partez!
Je n’ai pas trop envie de le lire.
Une grosse différence entre lui et nous,
c’est qu’il en fait la promo…
Bonjour à toutes et à tous. J’ai lu Ruffin, attiré par sa propre expérience. Je voulais voir, connaitre l’analyse d’un « pro ». Des gueux, des va nus pieds, voilà ce qui ressort au début du bouquin. Rien de bien positif. Rien qui donne envie de partager cette formidable aventure et pourtant… J’ai été contraint et forcé de stopper à Crozant (tendinite, entorse…) bref la catastrophe sur le moment et puis je me remets de mes douleurs, de ma peine et ce bouquin me donne encore plus le courage de repartir en Septembre car comme tout le monde le sait, le Chemin c’est dans notre tête et pas sur des pages pleines de ressentis personnels qu’il se fait. Cependant il y a une phrase qui me revient souvent en mémoire et qui me semble mieux appropriée « t’es toi quand tu marches », je la fais mienne car personne ne m’a obligé à prendre ce formidable chemin de liberté. A toutes et à tous. Bon camino
J’ai bien lu Ruffin et je suis en train de finir Alix de St André et je suis ravi d’avoir découvert tant de choses dans ces deux livres. L’idée du chemin vers Compostelle trotte dans ma tête depuis pas mal de temps déjà et j’ai trouvé ces deux lectures (fort différentes) pleines de vie, d’espoir et de … bons conseils. Je cherche d’autres lectures sur ce sujet, pourriez-vous avoir la gentillesse de m’en conseiller. Merci et viva el Camino ! …
Moi je ne l’ai pas trouvé si méprisant au début, au contraire, tres pertinent et agréable à lire durant tout le roman. un bon livre assurément
Pour Thierry: J’ai lu et relu 3 livres de Jean-Claude Bourlès. 3Retours à Conques », « Le grand chemin de Compostelle » et « Passants de Compostelle » chez Payot. Mon texte préféré reste celui d’Alix de Saint André.
Pas à propos de Compostelle mais d’une marche très personnelle « Remonter la Marne » de Jean-Paul Kauffmann, un régal…
Bonjour
Je suis surpris de lire tous ces commentaires élogieux sur ce livre que, personnellement, je n’ai absolument pas apprécié, tout au moins sur le plan « camino ». Certes, il est bien écrit. Il s’agit d’un de nos valeureux académiciens (un des moins vieux). La langue est belle. Mais par contre, que de dénigrements! Pour avoir fait le camino del Norte et avoir été subjugué par la beauté des sites, je me suis pas du tout reconnu dans les descriptions souvent négatives de « Monsieur Ruffin ».
Ce n’est pas un ouvrage qui vous donnera l’envie de partir… Heureusement, il y en a d’autres qui donnent le goût du chemin!
Très bon livre, le ton est excellent, souvent à prendre au second degré. J’adore le passage où il va dans un gîte qu’il fuit quelques minutes plus tard intimidé par le « gourou » du lieu…
Moi non plus, je n’ai pas aimé du tout. Le meilleur du chemin est dans les rencontres incroyables qu’on y fait. Alors pourquoi encenser le côté clochardesque et la fuite des autres ? J’ai eu l’impression que ce livre était écrit par un bobo…